En République Démocratique du Congo et en Afrique en général, l'avortement clandestin représente un défi majeur pour la santé publique. Alors que de nombreuses femmes sont contraintes de recourir à des procédures non sécurisées pour interrompre leur grossesse, les conséquences sont souvent tragiques, en raison des complications graves qui en découlent. L’ignorance sur la loi entourant l'avortement en RDC et le manque d'accès aux services de santé contribuent à exacerber ce problème. Cet article se propose d'examiner les différents aspects de l'avortement clandestin en RDC, en se concentrant sur le cadre législatif, les raisons qui poussent les femmes à opter pour ces pratiques, ainsi que les risques qu’elles encourent.
Est-ce que l’avortement est légal au Congo ?
Selon le Code pénal congolais, l'avortement est considéré comme un crime, sauf dans certains cas très limités. Jusqu'à récemment, l'interruption volontaire de grossesse n'était autorisée que si la vie de la mère était en danger. Cependant, cette situation a évolué avec l'adoption du Protocole de Maputo, un accord international signé par plusieurs pays africains, y compris la RDC, en 2003. En 2018, la République Démocratique du Congo a pris une décision historique en publiant le Protocole de Maputo dans son Journal officiel, faisant ainsi prévaloir ce traité sur ses lois nationales. Ce Protocole garantit les droits reproductifs des femmes, y compris l’accès à un avortement sécurisé dans des circonstances spécifiques telles que l’agression sexuelle, le viol, l’inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la mère est en danger. Cette avancée a permis à la RDC de devenir le premier pays d’Afrique francophone à mettre en œuvre une réforme aussi significative en faveur de l’élargissement de l’accès aux soins liés à l'avortement. En théorie, ce protocole offre une certaine ouverture à l'avortement légal en RDC, mais son application reste limitée. La méconnaissance de cette loi par les femmes, mais aussi par le personnel de santé, ainsi que l'opposition de certains groupes religieux, freinent sa mise en œuvre.
Pourquoi les femmes ont-elles recours à l'avortement clandestin en RDC ?
Malgré les dispositions légales prévues par le Protocole de Maputo, de nombreuses femmes en RDC continuent de recourir à l'avortement clandestin. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène.
Un accès limité aux services de santé reproductive
Le manque d'infrastructures médicales adéquates dans les zones rurales complique l'accès aux services de santé reproductive, notamment à l'avortement sécurisé. En raison de l'insuffisance de cliniques spécialisées et de personnel qualifié, de nombreuses femmes n’ont pas accès aux soins médicaux appropriés. Elles se tournent alors vers des alternatives clandestines pour interrompre leur grossesse. L'une des pratiques courantes consiste à acheter des médicaments abortifs sur le marché noir, notamment des comprimés tels que le misoprostol, qui sont le plus souvent utilisés sans suivi médical. Les femmes obtiennent ces pilules à travers des circuits non réglementés, sans conseils adéquats sur leur utilisation.
Une stigmatisation sociale et religieuse de l’avortement
En RDC, la stigmatisation sociale et religieuse autour de l'avortement est profondément enracinée dans les valeurs de la société. Les femmes qui cherchent à avorter risquent ainsi non seulement des poursuites judiciaires, en raison de lois strictes limitant l'accès à l'avortement, mais également une condamnation morale de leur communauté. Ce jugement social peut entraîner une marginalisation, voire l’exclusion, des femmes et de leur famille. En parallèle, des groupes militants anti-avortement jouent un rôle actif dans cette stigmatisation. Leur discours moral, souvent très médiatisé, met davantage de pression sur les femmes en les forçant à opter pour des méthodes clandestines et dangereuses afin d’éviter le jugement et la honte publique, aggravant ainsi les risques pour leur santé et leur bien-être psychologique.
Une méconnaissance des droits des femmes
La méconnaissance des droits en matière de santé reproductive en RDC reste un obstacle majeur pour les femmes. En outre, dans les zones rurales, où les infrastructures éducatives et médicales sont souvent rudimentaires, l'accès à des informations fiables sur la santé sexuelle et reproductive est particulièrement limité. Même dans les villes, les discussions sur l'avortement et les droits reproductifs sont souvent taboues, empêchant la diffusion de l’information. Cette ignorance expose les femmes à des risques accrus en les laissant à la merci de pratiques dangereuses et mettant ainsi leur vie en danger.
De nombreuses grossesses non désirées
Les grossesses non désirées sont un problème majeur en RDC, en grande partie en raison du manque d'accès à la contraception et à l'éducation sexuelle. Les jeunes, notamment les adolescentes, ne sont donc pas suffisamment informées sur la prévention des grossesses non désirées. Cela entraîne un taux élevé de grossesses précoces, souvent non planifiées, chez des jeunes filles qui se retrouvent dans une situation de détresse, confrontées à la honte, au rejet familial, et à des conséquences sociales sévères. Sans accès à une contraception fiable et une meilleure éducation sexuelle, ces adolescentes continuent d'être exposées à des grossesses non désirées, renforçant un cercle vicieux où les choix limités les conduisent à mettre leur vie en danger.
Quels sont les risques liés à l'avortement clandestin en RDC ?
Les avortements clandestins en RDC présentent des risques majeurs pour la santé des femmes. Réalisés souvent dans des conditions non hygiéniques et sans supervision médicale, ces avortements peuvent entraîner des complications graves, voire mortelles.
Infections et septicémie : l'utilisation d'instruments non stérilisés et l'absence de précautions sanitaires augmentent considérablement les risques d'infections, qui peuvent rapidement évoluer en septicémie si elles ne sont pas traitées ;
Hémorragies : les avortements réalisés par des personnes non formées peuvent causer des blessures internes, entraînant des saignements incontrôlables. Sans soins médicaux d'urgence, ces hémorragies peuvent être fatales ;
Infertilité : les femmes qui survivent à un avortement clandestin souffrent souvent de complications à long terme, y compris des dommages irréversibles à leur système reproducteur, entraînant l'infertilité.
Quels efforts sont mis en place pour améliorer la situation au Congo ?
Le Protocole de Maputo représente une lueur d'espoir pour améliorer les droits des femmes et réduire les risques associés à l'avortement clandestin. Cependant, son application en RDC reste insuffisante. Les obstacles culturels, religieux et politiques continuent de freiner les progrès vers une mise en œuvre complète de ce protocole. Pour réduire le recours à l'avortement clandestin, il est crucial d'informer les femmes sur leurs droits en matière de santé reproductive, y compris les dispositions du Protocole de Maputo. Les campagnes de sensibilisation doivent cibler non seulement les femmes, mais aussi les communautés, afin de réduire la stigmatisation associée à l'avortement.
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il est crucial d'informer les femmes sur leurs droits en matière de santé reproductive, y compris les dispositions du Protocole de Maputo. Les campagnes de sensibilisation doivent cibler non seulement les femmes, mais aussi les communautés, ainsi que les hommes **