L'autisme, un trouble du spectre autistique (TSA), reste largement méconnu et mal compris au Congo, comme dans de nombreux autres pays. Les enfants autistes sont souvent confrontés à la stigmatisation et aux préjugés, ce qui entrave leur accès aux soins, à l'éducation et à une vie épanouie. Cet article se penche sur la réalité de l'autisme au Congo, les signes du TSA, ses causes et les efforts pour combattre la stigmatisation.
Qu’est-ce que l’autisme ?
L'autisme ne doit pas être perçu comme une maladie, mais plutôt comme un handicap. Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental complexe, présent dès la naissance, et qui affecte la manière dont une personne perçoit le monde et interagit avec lui. Les premières manifestations du TSA, telles que des comportements inadaptés dans certaines situations, peuvent apparaître lors de la petite enfance, généralement vers l’âge de 2 ans. L’autisme touche environ 3 fois plus de garçons que de filles.
Contrairement à une croyance répandue, l'autisme n'est pas toujours lié à un retard intellectuel. Par exemple, le syndrome d'Asperger, qui est un trouble du spectre autistique, est souvent associé à un développement intellectuel typique voire exceptionnel. Cependant, environ un tiers des personnes concernées par un trouble du spectre autistique présentent une déficience intellectuelle, dont la gravité peut varier considérablement.
Quels sont les premiers signes du trouble du spectre de l’autisme ?
L'autisme se manifeste souvent par des signes précoces qui peuvent être observés dès les premiers mois de la vie d'un enfant. Ces signes peuvent indiquer des difficultés dans différents domaines du développement.
Des problèmes de langage
Les troubles de la communication associés à l’autisme touchent à la fois le langage et la communication non verbale. Les signes les plus courants sont :
une absence de babillage avant 18 mots et d’association de mots après 24 mois ;
la répétition régulière de mots ou de phrases entendus précédemment ;
une absence de réaction à la voix des parents ;
une inaptitude à pointer du doigt pour désigner un objet qui intéresse.
Des relations sociales perturbées
Les enfants autistes rencontrent souvent des difficultés dans l'établissement et le maintien de relations sociales. Ils peuvent sembler distants ou désintéressés des interactions sociales, préférant parfois jouer seuls plutôt que de participer à des jeux de groupe. Ces enfants peuvent également avoir du mal à comprendre les codes sociaux, ce qui peut les laisser perplexes face à certaines situations.
En outre, les enfants autistes ont généralement des difficultés à lire les émotions des autres, ce qui rend difficile pour eux de comprendre les sentiments et les intentions des personnes avec lesquelles ils interagissent.
Par exemple, un enfant autiste aura du mal à :
regarder quelqu’un dans les yeux ;
rendre un sourire ou un câlin ;
répondre lorsqu’on l’appelle par son prénom.
L’enfant autiste a d’énormes difficultés à créer des relations avec les enfants de son âge, ce qui peut entraîner un sentiment de solitude et d'isolement ainsi que des difficultés à établir des amitiés durables.
Des troubles du comportement
Les personnes atteintes d'autisme présentent souvent une résistance au changement, se manifestant par des réactions excessives telles que des pleurs ou le développement d'habitudes maniaques. Elles sont, du coup, très dépendantes de leurs routines ou de rituels particuliers.
Les troubles du comportement chez l’enfant autiste peuvent se manifester par :
des gestes stéréotypés, inutiles et répétés, tels que le balancement, les mouvements de rotation ou encore l'agitation des mains ;
une hypersensibilité ou une hyposensibilité sensorielle, telle que des difficultés avec certaines textures, le contact physique ou certaines odeurs ;
un retard psychomoteur, notamment dans le développement de la motricité fine ;
des crises de colère et des gestes agressifs dirigés contre eux-mêmes ou autrui.
Quelle est la cause principale de l’autisme ?
Les causes exactes de l'autisme ne sont pas entièrement comprises, mais des recherches ont identifié plusieurs facteurs qui peuvent contribuer au développement de ce trouble.
Facteurs génétiques : des études ont montré qu'il existe une composante génétique importante dans le développement de l'autisme. Être un garçon et présenter des antécédents familiaux sont deux des principaux facteurs de risque reconnus.
Facteurs environnementaux : certaines expositions environnementales pendant la grossesse ou au cours des premières années de vie, à un virus ou à certains médicaments peuvent jouer un rôle dans le développement de l'autisme. Cependant, les recherches sur ces facteurs environnementaux sont encore en cours et ne sont pas totalement concluantes.
Interactions entre les gènes et l'environnement : Il est probable que l'autisme résulte d'une interaction complexe entre des facteurs génétiques et environnementaux. Par exemple, des variations génétiques peuvent rendre un individu plus sensible à certains facteurs environnementaux, augmentant ainsi son risque de développer un trouble du spectre autistique.
Il est important de noter que l'autisme n'est pas causé par des facteurs tels que la vaccination, les traumatismes émotionnels ou le style de vie des parents. Ces croyances sont basées sur des mythes et des fausses informations et ne sont étayées par aucune preuve scientifique.
Comment lutter contre la stigmatisation et les préjugés qui entourent les enfants autistes au Congo ?
Pour combattre la stigmatisation et les préjugés qui entourent les enfants autistes au Congo, plusieurs initiatives sont nécessaires, allant de la sensibilisation du public à la création de structures de soutien adaptées.
Changement des mentalités
Les enfants autistes au Congo font souvent l'objet d’exclusion, en raison de préjugés profondément enracinés dans la société. La plupart des Congolais ignorent tout de l'autisme, malgré sa prévalence, car à vrai dire, la mortalité infantile et la malnutrition sont des préoccupations plus urgentes pour la plupart des gens. Dans des enquêtes menées dans différents pays d’Afrique, il ressort que les professionnels de la santé et les familles attribuent fréquemment les caractéristiques de l'autisme à une malédiction provoquée par un acte tabou tel que tromper son conjoint ou à une possession par un esprit maléfique. Cependant, malgré la reconnaissance de cette réalité, le changement des mentalités s'avère lent dans la société congolaise. Encore aujourd'hui, de nombreux enfants autistes, traités de sorciers ou d’enfants envoutés, sont refusés dans les transports en commun, illustrant ainsi les barrières et les discriminations auxquelles ils sont confrontés au quotidien.
Sensibilisation et éducation
La sensibilisation du grand public est essentielle pour combattre la stigmatisation de l'autisme. Il est crucial d'informer les communautés sur les réalités de ce handicap, ses caractéristiques et ses besoins spécifiques. Des campagnes de sensibilisation à grande échelle, comprenant des événements publics, des conférences et des programmes éducatifs, peuvent contribuer à changer les perceptions et à promouvoir l'inclusion des personnes autistes dans la société congolaise.
Il est important de s'inspirer des initiatives réussies dans d'autres pays africains pour développer des modèles de bonnes pratiques au Congo. Par exemple, au Nigeria, la banque Guaranty Trust a mis en place des programmes de sensibilisation visant à soutenir les enfants autistes et leurs familles. En Côte d'Ivoire, des associations telles que le Programme de Recherche et d'Etudes sur l'Autisme (PREAUT), l'Aide Médicale et Développement (AMD) et la Solidarité Internationale Isère Autisme (SIIA) œuvrent également pour développer la prise en charge des personnes autistes.
Création de structures de soutien
La mise en place de structures de soutien spécialisées est tout aussi essentielle pour répondre aux besoins des enfants autistes et de leurs familles. La Casa Dominique à Brazzaville est un exemple de ce type d'initiative, offrant un soutien et des services adaptés aux personnes autistes et à leurs proches. Ces centres fournissent des programmes éducatifs, des services de réadaptation, ainsi que des conseils et un soutien psychologique pour aider les familles à faire face aux défis du handicap.
En adoptant une approche holistique et collaborative, il est possible de créer un environnement plus inclusif et soutenant pour les enfants autistes au Congo, en brisant les barrières de la stigmatisation et en favorisant leur pleine participation à la société.
Le chemin vers une meilleure compréhension et inclusion des enfants autistes au Congo commence par la sensibilisation et le soutien. Ensemble, nous pouvons combattre les préjugés et créer un environnement où chaque enfant peut s'épanouir pleinement.
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